LES CORPS ESSENTIELS

Essentiellement des corps, entiers ou fragmentés, dispersés sur la toile, ombres grises figées dans des mouvances inaccomplies occupant un espace sans repères.

 

Eric JÉGAT peint des figures hésitantes aux profils incertains sans visages : la fragilité de la figuration se heurte à la difficulté d’interprétation: sont-ils de face ou de dos, sont-ils des hommes ou des ombres ?

 

Des blancs, des gris, des terres estompées, la sobriété des tons utilisés semblent  apaiser la souffrance que nous sommes tentés de décrypter dans ces êtres finalement impénétrables.

 

La matière griffée se transforme en surface tactile où la main la caressant découvre ses anfractuosités. Parfois apparaît une entaille faite à même la surface, une blessure du corps, emplie de cire, créant des vibrations et transparences picturales.

 

Figuration certes, mais dans la complicité entre la matière expérimentée et la tension créatrice de formes humaines, c’est la peinture-même qui se donne à voir dans ce qu’elle a de âpre, d’accidentel, de sensuel aussi.

 

La matière est à la fois matrice et mémorial du travail pictural de l’artiste, champ ouvert et fécond, qui nous renvoie à notre propre corporalité et à la confrontation essentielle et inévitable avec le corps de l’Autre.

 

Alessandra Cola